Rencontre avec Marc-Olivier Dupin

Qui est Marc-Olivier Dupin ?
Marc-Olivier Dupin a d’abord été violoniste, puis, de 2002 à 2008, directeur de l’Orchestre national d’Île-de-France. Il devient ensuite directeur de France Musique, avant de se consacrer entièrement à la composition et à sa maison d’édition depuis 2011. En 2005, avec Ivan Grinberg, qu’il connaît depuis 1989, il crée le premier opus de Robert le Cochon, un conte musical que l’on peut encore découvrir sous la forme d’un livre-disque.

Quelle a été votre source d’inspiration ?
Pour travailler, j’ai observé beaucoup de partitions. Je me suis surtout intéressé à deux compositeurs  : Wagner d’abord, pour la technique. Il donne l’illusion d’une masse absolument immense sur le plan instrumental et en même temps l’intelligibilité est toujours là.
C’est quelque chose que j’envie ! Richard Strauss ensuite, et plus particulièrement l’opéra Ariane à Naxos dans lequel intervient un tout petit orchestre… mais ça m’a beaucoup énervé  : Strauss est tellement virtuose ! Je suis jaloux, j’aimerais avoir ce talent… Quand on lit ses partitions, c’est très agaçant !

Quelle impression cela fait-il de travailler à l’Opéra Comique ?
C’est un immense plaisir, j’aime beaucoup la dimension humaine de cette salle. Une salle véritablement dédiée aux voix… Et puis ce qui me plaît beaucoup à l’Opéra Comique, c’est qu’il y a du comique ! Ici, on a par ailleurs le sentiment qu’on travaille tous main dans la main, qu’il n’y a pas vraiment de frontière ni de chef, c’est formidable et je souhaite à tous de pouvoir travailler ainsi : dans le partage, l’amitié, et l’affection. Comment avez-vous travaillé avec Ivan Grinberg et Paul Cox ? En fait, avec Ivan, on ne se parle pas beaucoup, mais il y a une vraie complicité entre nous, on s’aime profondément comme deux frères. Je n’ai jamais travaillé avec Paul Cox, mais j’aime énormément son travail. Je n’ai pas suivi la construction des décors, mais j’ai eu l’occasion de voir régulièrement des éléments par Internet et j’aime beaucoup !

Qu’est-ce que Robert le Cochon vous évoque comme souvenir d’enfance ?
Je n’aurais certainement pas pu voir ce spectacle étant enfant car mes parents n’avaient pas d’argent. Toutefois, mon père, qui était musicien, m’amenait partout aux répétitions. Ainsi, parmi mes premiers souvenirs d’enfance, je me vois sous un clavecin, je devais avoir deux ans et c’était du Bach ! Si mes parents n’avaient pas beaucoup de moyens, j’ai eu une enfance privilégiée sur le plan musical car j’assistais, en coulisses, à toutes les répétitions.

Si vous deviez être un personnage de Robert le Cochon, lequel seriez-vous ?
Côté surcharge pondérale, ce serait le cochon ! (Rires) En réalité, je ne sais pas, je les aime tous, je les trouve formidables. et Vieux hibou, c’est le surnom que je donne à Ivan.

Pourquoi votre travail est-il parfois qualifié de « patchwork musical » ?
Je m’inspire des musiques que j’ai envie d’entendre. Si je souhaite un morceau d’une symphonie de Beethoven au milieu d’autre chose, je m’inspire ! J’ai un prédécesseur qui est pour moi la référence absolue, c’est Johann Sebastian Bach, qui a tout piqué à tout le monde.
Par ailleurs, j’adore le tango. Je m’arrange toujours pour en placer dans quasiment toutes mes compositions. Enfin, quand j’étais étudiant, j’écoutais les Pink Floyd pour leur utilisation de l’électronique… alors, j’aime mélanger tout ça.

Quelques années après le conte musical, comment avez-vous eu l’idée de ce nouveau Robert le Cochon ?
C’est au cours d’une discussion (très drôle) avec Olivier Mantei, directeur adjoint de l’Opéra Comique à l'époque. il m’a demandé si j’étais d’accord pour faire un projet pour l’Opéra Comique et j’ai accepté aussitôt. J’avais précédemment offert le livre disque de Robert le Cochon à sa fille et puis, lors d’une discussion de travail, je lui ai spontanément lancé : « et si on faisait un Robert le Cochon 2 ? ».