5 choses à savoir sur Alcione

Publié le 10 avril 2017
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Herbert James Draper, Halcyone, 1915

À 15 jours de la première de l’opéra de Marin Marais qui ouvrira les portes de l’Opéra Comique après 18 mois de travaux, voici quelques clefs pour entrer dans le chef d’œuvre de Marin Marais et préparer au mieux sa venue dans la salle Favart…

1/ Alcione, une œuvre qui n’a pas été représentée à Paris depuis… 1771 !


Alcione de Marin Marais fut créée avec triomphe le 18 février 1706 à l’Académie royale de musique, ancêtre de l’Opéra. Gravée par Marais un mois avant la première, l’œuvre fut maintes fois retouchée et adaptée en réponse aux demandes des chanteurs et aux réactions du public. Aujourd’hui, elle revient sur la scène de l’Opéra Comique après 246 ans d’absence.

2/ « La tempête » d’Alcione, un véritable tube


En 1711, alors que le roi Louis XIV, affaibli par la vieillesse, n’allait plus à des représentations d’opéras, il demanda à ce que l’on vienne lui jouer la tempête d’Alcione au château de Marly. Preuve de sa renommée, cette pièce que l’on peut qualifier de symphonique avait même été intégrée à une reprise d’Alceste de Lully en 1707 et également citée dans Les Fêtes vénitiennes de Campra en 1710.
Ce qui fait le succès de « la tempête » est immanquablement son caractère innovant. La musique y est extrêmement expressive, l’esthétique, picturale, décrivant avec « réalisme » bien que le mot n’existe pas à l’époque, le déchaînement des éléments : les cordes et les percussions y produisent un effet sonore retentissant, inédit à l’époque.

3/ Alcione, une héroïne de 24 ans


Alcione se situe dans la continuité de personnages tels que Alceste et Armide chez un Lully. Il fut composé sur mesure pour une chanteuse de 24 ans, dénommée Marie-Louise Desmatins, et habituée des rôles de tragédiennes comme Alceste ou Didon. Lea Desandre, qui interprète le rôle d’Alcione dans cette production de l’Opéra Comique, possède le même âge que la créatrice du rôle…

4/ Un jalon dans l’histoire de la tragédie en musique


Plusieurs éléments expliquent pourquoi l’œuvre de Marin Marais est non seulement considérée comme un chef d’œuvre mais également comme un repère essentiel dans l’histoire de la musique. En effet, rares étaient à l’époque les partitions d’une écriture instrumentale aussi précise, indiquant le choix des couleurs, des timbres ou encore des ornements. Tout ce que voulait Marais était écrit. Cette manière de composer pour chaque instrument, pour chaque voix, c’est ce qui donne la grande expressivité de l’orchestre en même temps que l’extrême sensibilité et la fine psychologie des personnages. Enfin, il est à noter que la partition d’Alcione mentionne pour la première fois l’emploi de la contrebasse dans l’opéra français, laquelle est essentielle dans la puissance évocatrice de « la tempête ».

5/ Une œuvre qui se situe entre la tragédie en musique et l'opéra


À l’époque de Louis XIV, la tragédie est un genre qui mélange un sujet sérieux, où les personnages sont issus de la grande littérature, et la noblesse des passions. S’il est permis pour une tragédie de comporter une fin heureuse, comme c’est le cas dans Alcione, l’œuvre ne peut pas tout à fait être qualifiée comme telle. D’une part, le thème n’est pas politique – condition sine qua non pour qu’il y ait tragédie selon les préceptes de Corneille –. D’autre part, la présence du merveilleux, qui provient des Métamorphoses d’Ovide d’où Alcione est tirée, est davantage le propre de l’opéra. Enfin, il est possible d’analyser la structure du livret comme une forme « opéra » dans la mesure où celui-ci est découpé en 5 parties tout à fait différentes, semblables à des actes.

Alcione de Marin Marais du 26 avril au 7 mai

Alcione

Marin Marais

26 avril au 7 mai 2017

Jordi Savall, qui a marqué les esprits avec la B.O. de Tous les matins du Monde d'Alain Corneau, dirige Alcione. Louise Moaty et Raphaëlle Boitel convoquent les arts du cirque pour mettre en scène la poésie de cette histoire d’amour contrariée.

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