[La chronique des Fantasept] L'aparté

Publié le 27 janvier 2017
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Le 12 Février vos yeux seront rivés sur la scène, mais ce qui s’y passera aura pourtant été décidé en aparté. En ce début d’après-midi, la scène n’est encore qu’un chaos tourbillonnant de décors et de câbles, maniés par les techniciens du théâtre du Châtelet. Les chanteurs, assis où vous le serez, suivent d’un œil et d’une oreille ce ballet dirigé en pupitre par Laurent Campellone. S’ils accompagnent de leurs voix cette mise en place musicale des décors, il semblerait que ce soit plus par automatisme que pour guider les équipes techniques. Les airs sont chantonnés à demi-voix pendant que les interprètes finissent de s’installer sur les sièges du parterre, nouvel espace de leur quotidien. Cette prise de distance avec le plateau leur permet de quitter cette Munich en construction, et  de revenir à Paris, où ils sont les membres de l’équipe artistique de l’aventure  Fantasio. Ces moments de pause, de battement, juste derrière la fosse de l’orchestre, sont l’occasion de revenir aussi vers eux-mêmes : Marie-Eve Munger tricote un bonnet, d’autres finissent leur repas, effectuent leurs derniers appels avant de reprendre avec force les répétitions sur la scène.

Cette tranquillité n’est cependant qu’apparente : un peu plus loin, derrière la console installée provisoirement entre les sièges d’orchestre, Emma la régisseuse des opérations chuchote ses ordres dans l’oreillette des techniciens. Ce flot d’informations et de mouvements est parfois interrompu par Alexandre Dain et Thomas Jolly qui profitent de ce début de répétition pour résoudre les derniers problèmes scéniques. Un murmure grandissant s’installe dans la pénombre du Châtelet qui étrangement donne l’impression de rester silencieux.

Avant de prendre place sur scène, les interprètes passent de la salle à la fosse d’orchestre où leurs voix se font doucement entendre comme s’ils s’agissaient d’un chœur à bouches fermées, symbole d’une volonté de chant contre une obligation de silence. Intermèdes, entractes, pauses, respirations, l’opéra est fait de ces moments hors-chant avant même qu’il ne devienne spectacle. Ici réside tout le paradoxe de la machine opératique. Alors que la date de la première approche, les voix se reposent, prennent leur temps avant d’atteindre leur maturité pour la répétition générale. Pas à pas, Marie-Eve redevient Elsbeth, Alix Flamel, Enguerrand Facio. Le non-lieu qu’était la scène au début de l’après midi reprend son souffle. Le bruissement des costumes vient remplacer le bruit de pas des équipes techniques, les voix à l’économie mais impérativement présentes viennent redonner un sens à l’idée de scène et de mise-en-scène. Retour progressif à l’ordre théâtral des choses, au travestissement, au jeu, au chant, tout ce qui fait la vérité du plateau. Il est 20h, l’heure pour nous de nous taire sur le filage qui s’apprête afin de vous laisser entière la surprise de ces voix.

Maria et Charles pour les Fantasept

Chronique d'un Opéra
Mercredi 4 janvier 2017
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Fantasio

Jacques Offenbach

12 au 27 février 2017

Dans la lignée des Contes d’Hoffmann, la partition d’Offenbach, sur une histoire de Musset, avait en partie disparu dans l’incendie de l’Opéra Comique. Avec une mise en scène signée Thomas Jolly, le spectacle renaît de ses cendres.

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