[La chronique des Fantasept] On répète ! entre deux boîtes de mouchoirs

Publié le 12 janvier 2017
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C’est entre des boîtes de kleenex et des échanges de remèdes variés contre la grippe et le rhume, que le travail reprend jeudi 12 au matin. Derrière les pupitres, Marie-Ève Munger et Alix Le Saux font face à l’équipe de Thomas Jolly pour préparer la première scène de l’acte II pendant qu’un peu plus loin, Marianne Crebassa fait des essayages avec Sylvette Dequest, la costumière. Après un travail « à la table », comme il est dit dans le jargon théâtral, autour de la question de la relation unissant Elsbeth et sa suivante tour à tour amie et confidente, Thomas Jolly envoie « Marie-Eve dans le décor ! »  – invitant à des essais de placement dans l'espace. Marianne Crebassa rejoint le groupe juste à temps pour donner sa réplique, puis arrivent Franck Leguérinel (le Roi), Loïc Felix (Marinoni), Jean-Sébastien Bou (le Prince) et Bruno Bayeux (Rutten). Dans un demi-chanté demi-parlé, les comédiens parcourent le début de l’acte II. Des moments d’apparent chaos font rire la petite assemblée que nous sommes : tous arrêtent ce qu’ils sont en train de faire pour regarder la fin de la scène 10, où les personnages, qui devraient chanter le quintette, disent leurs textes à une vitesse vertigineuse. Thomas Jolly orchestre alors un véritable « ballet de mains » burlesque pour jouer du quiproquo de la situation (Marinoni étant déguisé en Prince, le Prince en Marinoni l'aide de camp cherchant à séduire Elsbeth), où chaque personnage désigne les autres en cadence.

Après le déjeuner, on ressent tout à coup une sorte de frénésie : Laurent Campellone, le chef d'orchestre, est derrière son pupitre face à la scène et Martin Sureaux au piano ; la première répétition de l’acte II va commencer. On met en place un long voile qui sera celui du mariage d'Elsbeth. Thomas Jolly en profite pour donner des éclaircissement sur le symbole de ce voile qui sera cousu durant toute la scène par les suivantes de la princesse : dans les mains de Flamel passe « le fil du destin d'Elsbeth » selon la jolie formule du metteur en scène. La répétition commence enfin sous les ordres des deux chefs d’orchestre. Si Laurent Campellone dirige les voix des chanteurs avec ses mains, Thomas Jolly les accompagne avec ses mimiques et ses gestes, peut-être par un effet curieux de mimétisme. Il transmet aux interprètes les sentiments et les intentions des personnages, et se déplace lentement autour de la scène, l’arrêtant à plusieurs reprises. « Essayons quelque chose » dit-il souvent après quelques secondes de silence. Parfois, dans la foulée, et face à une difficulté de mise en scène – par exemple le fait que les chanteurs puissent toujours voir le chef d’orchestre–, il annonce une proposition complètement nouvelle qui semble résoudre le tout, avec une simplicité presque magique. Même si Thomas Jolly a ses idées sur Fantasio, il écoute aussi ce que les corps des chanteurs sur la scène lui disent, ce qu’ils inspirent. « La cascade à la fin, c’était un accident ou une proposition ? » demande-t-il à Jean-Sébastien (le Prince) après avoir laissé les choses se dérouler sur le plateau. « Une proposition ! » confirme le comédien. La cascade est retenue et la répétition continue jusqu’à 17h30.  L’ensemble de l’équipe se sépare pour prendre un peu de repos, et certains même se soigner de leur rhume ou leur grippe pour reprendre le lendemain les répétitions de Fantasio.

Noémie et Maria pour les Fantasept

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Jeudi 12 Janvier 2017
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12 au 27 février 2017

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