Les lumières décroissent dans les ateliers du 104. Les grands néons font place aux projecteurs gélatinés et aux lampions tamisés.
Après une matinée consacrée à la répétition des différents duos qui composent la pièce – la relation familiale entre Elsbeth et le Roi, amicale entre Sparck et Fantasio et hiérarchique entre le Prince et son valet Marinoni – le filage du premier acte est sur le point de commencer.
Les vocalises résonnent dans les couloirs des studios – petite coulisse improvisée – et sur scène, pourtant, c’est déjà l’effervescence. Aux commandes, trois régisseurs : Ema, Olivier et Annabelle. Partition en main, ils gèrent l’entrée des décors, l’alternance des lumières, le changement des costumes et la valse des accessoires.
Le palais du roi de Bavière se transforme en ville de Munich pour redevenir demeure royale quelques instants plus tard. Le balcon, lieu de refuge de la princesse Elsbeth (Marie-Eve Munger) prend place soudainement au milieu de la scène, tandis que sur le côté, le bar dans lequel Sparck (Philippe Estèphe) entraîne la foule des étudiants, se convertit en cabaret.
Le ballet technique est des plus calibrés. Un travail d’orfèvre est la condition nécessaire à la fluidité totale d’un spectacle. Thomas Jolly semble vouloir recréer les grandes fééries lyriques d’Offenbach dans lesquelles la fulgurance des apparitions cohabitent avec la volupté de la musique.
Le paradoxe du spectacle est de cacher la technique sous la technique même. La machinerie, essence même de l’opéra, doit se taire et demeurer malgré elle invisible. Œuvrant dans l’ombre, l’équipe technique se fait interprète à part entière de l’œuvre d’Offenbach et permet à la magie d’exister.
Eddy et Charles pour les Fantasept
Chronique d'un Opéra
Mercredi 11 janvier 2017
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