L’histoire d’une femme aimée se cachant sous les traits d’une bourgeoise, d’une paysanne et d’une nonne apparaît pour la première fois en 1629 sous la plume du dramaturge espagnol Calderon de la Barca, dans l’ouvrage La Dama duende (La Dame Fantôme). Lorsqu’ils décident d’en faire un opéra, Daniel-François-Esprit Auber et Eugène Scribe, le librettiste, n’en sont pas à leur première collaboration. Les deux hommes créent ensemble un opéra par an depuis 1823 et sont considérés comme de véritables ambassadeurs de l’Opéra-Comique. La rédaction du livret du Domino noir s’achève au mois de mai 1837 et laisse quelques mois à Auber pour en composer la musique.
L’opéra est joué pour la première fois le 2 décembre 1837 sur les planches de l’Opéra-Comique. Dès la première représentation, le public lui réserve un accueil très enjoué. La presse ne tarit pas d’éloge sur cette œuvre. Les spectateurs saluent l’intrigue aux accents vaudevillesques, ainsi que les airs joyeux. Hector Berlioz loue également la musique du compositeur, « toujours vive, légère et piquante ». Au fil des représentations, le succès du Domino noir est tel que l’Opéra-Comique franchit les frontières françaises. Il est traduit dans une quinzaine de langues pour être joué sur de nombreuses scènes jusqu’en Russie. Elle inspire même Piotr Ilitch Tchaïkovski qui va jusqu’à composer des airs récitatifs pour remplacer les dialogues parlés.
En 1882, l’œuvre dépasse sa millième représentation. C’est aujourd’hui la neuvième œuvre la plus jouée sur les planches de l’Opéra-Comique, qui revient en septembre 2024 après son succès en 2018. Valérie Lesort et Christian Hecq, qui en assurent la mise en scène, ont été séduits par l’intrigue et les différents travestissements de l’héroïne du Domino noir. Ensemble, ils ont imaginé un plateau à métamorphoses plein de fantaisie et de poésie ainsi qu’une mise en scène haute en couleurs rendant hommage à cet opéra-comique qu’ils considèrent à la frontière entre un Feydeau et un conte de fées.
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