Premier opéra d’Europe à avoir bénéficié d’une installation électrique (1898), il était logique que la lumière artificielle retrouve vite son chemin dans l’Opéra Comique. Question de préséance, de standing aussi. Pas si simple. Pourquoi le courant passe dans les éclairages du hall d’entrée et pourquoi il ne passe pas dans les deux vestiaires qui l’encadrent ? Pourquoi la rénovation d’un marbre ici, l’éclat d’un cadre de scène là oblige à modifier certaines intensités d’ampoule et pourquoi ailleurs aucune modification n’est nécessaire alors que les travaux semblent avoir tout bouleversé ? Affaire de goût et de spécialistes, certes. Mais pas que. Pourquoi jeudi 30 mars, au niveau du premier balcon, un globe devient soudain noir après avoir été allumé ? Et pourquoi un peu plus du tiers de la colonne lumineuse qui entoure le lustre du plafond disjoncte alors que rien ne l’explique ? Affaire essentielle en tout cas pour chacun d’entre nous, spectateurs et collaborateurs qui auront à fréquenter le lieu. Que le chantier s’arrête et que la lumière fut. Le dieu soleil et la fée électricité s’allient pour construire une ambiance, signifier une atmosphère, mettre en valeur un patrimoine et, sur scène, une intention artistique.
Se promener dans les couloirs de Favart aujourd’hui, c’est appréhender cette vérité qu’on finit souvent par oublier : ici tout est visuel. La décoration dans les parties publiques, le jeu sur la scène quand le rideau se lève. Tout. Pas sûr qu’il en était ainsi avant 1898. Que valait les rouge avant les watt ? Et comment s’appréhendait un ornement sous l’effet d’un chandelier ? On ne sait mais une chose se transmet, une maison d’opéra se regarde d’abord avant d’autoriser l’écoute. La musique est chez elle, la lumière est en elle. D’où, pour chaque lieu et chaque usage, la même importance de l’éclairage. Dans chaque pli des murs, chaque ombre, chaque mètre carré du plateau. Les images ci-dessous racontent cette intimité dans la crudité des éclairages.
La salle Favart rouvre ses portes le 26 avril pour Alcione, ne manquez pas ce rendez-vous