Dans le théâtre, sur le lieu même, on range, on remballe ; la manifestation de ce reflux des outils qui ont permis cette rénovation est permanente. À l’extérieur aussi, les services du ministère de la Culture se coordonnent avec ceux du Comique pour annoncer la réouverture prochaine et, fin février, le tout premier réaménagement du matériel technique a eu lieu. L’imminence se profile, elle aura probablement lieu à la fin du mois de mars.
Lentement le théâtre se vide de ce qui constituait son quotidien : échafaudages, bâches, protections. Le gros des travaux arrive à son terme. La ventilation est désormais installée, le réseau scénique se met en forme, la fosse d’orchestre est achevée et les branchements permettant les retours sont fixés. Les équipes techniques reprennent enfin possession du plateau. On rapatrie progressivement le matériel stocké dans la cave de la rue du Sentier et on met en place la série des révisions. L’heure est aux tests, aux vérifications et aux contrôles du bon fonctionnement du bâtiment. La sécurité, plus que jamais, est au premier plan.
Malgré la poussière et les bâches, Favart sort lentement de son hibernation. Il y a comme un air de printemps. Les lustres et appliques fleurissent à nouveau dans le Foyer et le long des coursives, et près de 160 ampoules ornent désormais le pourtour de la coupole. Les teintures habillent de nouveau les murs de la salle. Le ménage reste à faire. Le spectacle est étonnant.
Pourtant, quelque chose a changé. Détail invisible pour le spectateur d’un jour, mais peut-être pas pour l’abonné passionné, le carmin des tentures et des velours, le fameux « rouge Favart », est différent. Comme beaucoup de théâtres à l’italienne, l’Opéra Comique est paré de rouge. Sauf que la salle Favart avait sa teinte particulière. Avait, car jusqu’à présent nous avions perdu trace de cette couleur. C’est en sondant les plafonds, en recherchant les anciens tissus conservés des loges, en étudiant les peintures du foyer et en restaurant les rideaux, qu’il est apparu comme une évidence que le rouge utilisé n’était pas le bon. Ce long travail scientifique a ainsi permis de réintégrer, par le biais des tentures des loges et des velours des garde-corps, le fameux « rouge Opéra Comique », subtil et délicat.
Derrière le rideau, le chantier est encore bien vivant. On repeint les bureaux, les escaliers et les coursives, on ponce les parquets. L’une des plus belles réalisations se trouve au central costumes. Un puits de lumière vient désormais éclairer les trois niveaux d’ateliers. L’acier, le verre et le bois se mélangent, créant une parfaite harmonie. La structure de Gustave Eiffel se dévoile enfin sous la verrière. L’union de l’ancien et du moderne est plus que réussie.
Il y a dans l’air, oui, comme la promesse d’un jour nouveau. Bientôt nous allons rentrer à la maison. Et vous dans votre maison d’opéra. Ce sera pour Alcione avec une arrivée des artistes en répétition le 2 avril.