Les clichés que nous vous proposons ce mois, vous qui êtes déjà venus assister à un de nos spectacles au moins et qui par conséquent connaissez l’état du bâtiment, en tout cas pour ses parties publiques, ces clichés disent qu’il s’est passé quelque chose pendant cet été 2016. Ils ont été pris le 24 août et ils attestent que le chantier est entré dans une nouvelle phase. Il n’est pas nécessaire d’avoir un doctorat ès-dialectique pour comprendre que la quantité (mesurée en tonnes de tubes en fer, de panneaux d’aggloméré, de plastiques protecteurs, de décibels, de volume de détritus, de centaines de mètres de gaines…) s’est transformée en qualité.
Un bas-relief sur un mur dorénavant immaculé du hall d’entrée que l’on avait jamais repéré et qui se découvre, de nouvelles couleurs qui apparaissent, les dorures notamment, et qui seront celles de la réouverture, des machines flambant neuves qui se dévoilent sous les toits, que nous ne connaissions pas jusqu’alors, et qui apporteront la fraîcheur dans la salle, des ouvriers qui s’appliquent sur les finitions,...Une impression de jamais-vu, de renouveau. La même impression que celle des cahiers neufs et des trousses à peine sortie du magasin à chaque rentrée de notre enfance quand la promesse de nouveaux camarades et enseignants transformait ces objets usuels en autant d’ustensiles nécessaires à la nouvelle exploration. Magie de la transformation. Non pas que le grand mouvement de la rénovation touche à sa fin, mais il est manifeste qu’un processus s’est noué au cœur de la torpeur aoûtienne et qu’il porte un nom : arrivée. Elle s’annonce. Pêle-mêle, la nouvelle salle plus aérée et pimpante, de nouveaux espaces publics pour permettre un confort toujours plus grand à tous nos publics, des lieux pour les équipes artistiques et techniques plus spacieux et tout simplement plus beaux,…tout çà pointe son nez. Même quelqu’un qui n’aurait jamais mis les pieds à Favart devinerait à ces images qu’une chrysalide se déchire sous nos yeux et qu’elle dévoile un théâtre en devenir. Certes, la Manon de l’entrée et sa copine Carmen sont toujours enfermées dans leur gangue de plastique et de bois, les coffres continuent de protéger certaines parties exposées du parterre ou des rampes, les chaises n’ont toujours pas fait leur réapparition et la saleté continue de voleter, mais c’est tout un lieu qui s’ébroue et va s’offrir bientôt à notre à notre curiosité. Ce serait mentir que de dire que le chantier se replie mais c’est autre chose maintenant et le chantier n’en est plus un tout à fait.
La grande affaire, on le sait, sera l’aération et les premières images de la machinerie que nous vous proposons ici annoncent (enfin) des soirées moins torrides dans le fond de l’air, si la passion sera toujours au rendez-vous. Mais il est probable, à observer les détails ici ou là, que les habitués risquent d’être surpris par l’ampleur de ce qui a été entrepris. Notamment du côté de l’éclat. Là encore, un coup d’œil suffit : les couleurs sont plus vives et la fraicheur plus étincelante. Une certaine légèreté prévaut dans les endroits touchés par les travaux. De nouvelles peintures ont été choisies, des tentures, la moquette et les carreaux de faïences aussi qui n’ont pas été encore posées. Favart va encore embellir. Les grincheux lui trouveront des défauts ? Les nostalgiques regretteront ses patines ? Sans doute.
Mais de ces images, on retiendra la vue d’ensemble : il s’est passé quelque chose d’indéfinissable mais de visible. Favart a repris des couleurs. Bonne nouvelle.