Nos conseils d’orientation
De nos jours, l’Opéra Comique conserve ses archives courantes et intermédiaires, tandis que le Code du patrimoine prévoit qu’en qualité d’établissement public, il verse ses archives définitives aux Archives nationales. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Dispersées, lacunaires, pas toujours identifiables, ces archives ont donné lieu à une véritable enquête au cours des dernières saisons afin d’en établir une vision d’ensemble.
Si l’Opéra de Paris, chargé dès son origine d’une fonction politique de centralisation de l’art musical, sauvegarda ses archives de manière quasi exhaustive, l’Opéra Comique conserva les siennes de façon irrégulière, sans bibliothécaire ni archiviste en titre dans ses équipes. Pour un chef d’orchestre risquant sa vie dans l’incendie du 25 mai 1887 – Jules Danbé – afin de sauver un maximum de partitions et en particulier les manuscrits (dont celui du Roi malgré lui de Chabrier), combien de directeurs et d’artistes quittèrent leurs fonctions en emportant comme souvenirs des partitions, des maquettes, des imprimés, des costumes… Il en résulte aujourd’hui une extraordinaire fragmentation des fonds, chez des particuliers et dans les collections publiques.
À la Bibliothèque nationale de France
Archiviste de l’Opéra à partir de 1866, Charles Nuitter y apporta de la Salle Ventadour, occupée par l’Opéra Comique de 1829 à 1832, un ensemble de sources qui remontaient jusqu’au XVIIIe siècle. Cette collection fut enrichie par le don effectué par Émile Perrin, qui dirigea l’Opéra Comique de 1848 à 1857.
La Bibliothèque-musée de l’Opéra fut rattachée à la Bibliothèque nationale de France en 1935, puis au département de la Musique, à la création de celui-ci en 1942. Les archives administratives de l’Opéra Comique furent dès lors récupérées par les Archives nationales, tandis que la Bibliothèque-musée conservait ses archives artistiques. Ce dernier fonds s’est enrichi pendant la réunion de l’Opéra Comique avec l’Opéra, de 1939 à 1972. Il comporte partitions, manuscrits, maquettes de décors et de costumes.
Dans les départements BnF de la Musique et des Arts du spectacle, bien des archives de l’Opéra Comique ont rejoint les collections sans qu’il ait été créé de fonds spécifiques. Seule une lecture éclairée des cotes permet d’identifier ce qui vient de l’Opéra Comique.
Aux Archives Nationales
Aux Archives nationales, on distingue les sources produites par l’Opéra Comique (sous-série AJ/13) et celles produites par les administrations de tutelle de l’État (sous-séries F/18 et F/21). L’ensemble, qui porte sur des aspects institutionnels, économiques, sociaux et artistiques, va du XVIIIe siècle à nos jours. Y figurent un millier de livrets manuscrits et les procès-verbaux de censure qui renseignent sur la vitalité du répertoire.
Pour aller plus loin
Deux autres institutions comptent dans la reconstitution de ces trois siècles d’histoire culturelle. Au Centre national du costume de scène (CNCS) à Moulins ont été déposés, à sa création en 2006, des costumes produits par le théâtre aux XIXe et XXe siècles : ils figuraient dans les collections de l’Opéra et de la BnF et sont dûment cotés Opéra Comique. À la Bibliothèque historique de la Ville de Paris (BHVP), une collection de livrets de mise en scène et de photographies des XIXe et XXe siècles permet de reconstituer la dimension visuelle des spectacles du passé. Ces documents sont arrivés là en 1969 avec toute la bibliothèque de l’Association de la Régie Théâtrale (A.R.T.) : fondée en 1911, cette association à vocation d’abord sociale sembla vite plus appropriée que n’importe quelle structure de l’État pour accueillir les archives des directeurs et régisseurs de scène, quelles que soient les scènes.
Régulièrement, d’autres lieux s’avèrent détenir des archives du théâtre. La Maison des Artistes de Couilly-Pont-aux-Dames, propriété de la Mutuelle nationale des Artistes (et qui est toujours une maison de retraite, créée par Constant Coquelin de la Comédie-Française), conserve dans ses réserves les collections et objets personnels d’artistes comme Jean Périer, créateur du Pelléas de Debussy.
Le Centre des monuments nationaux (CMN) détient de nombreuses photographies de spectacles de l’entre-deux guerres et de l’Occupation dans le fonds photographique de Jean et Albert Séeberger, conservé au département des ressources documentaires. Enfin, le château de Castelnau-Bretenoux, géré par le CMN, conserve un fonds de documents lié à Jean Mouliérat (1852-1932), ténor de l’Opéra Comique.
Les chantiers de numérisation
L’Opéra Comique s’est efforcé, avec le soutien de la Mission des Archives du Ministère de la Culture et de la Communication, de mobiliser ces institutions afin de valoriser ces fonds, autre façon de faire rayonner l’institution.
À la BnF, plusieurs chantiers ont été ouverts, dont le dépôt et la numérisation des archives audiovisuelles du théâtre, avec la création d’un fonds spécifique au département de l’Audiovisuel, et la préparation collégiale de l’exposition « Carmen et Mélisande, drames à l’Opéra Comique » produite au Petit Palais en 2015.
Avec les Archives Nationales, un partenariat s’est noué en 2011-2012 à la faveur du plan national de numérisation du patrimoine et de la création porté par le Ministère de la Culture et de la Communication. Lauréat en 2013, l’Opéra Comique a fait numériser ses archives artistiques, consultables en ligne depuis 2014 sur la base de données Dezède consacrée à la chronologie des spectacles en France (voir ci-dessous).
À la BHVP, le Palazzetto Bru Zane, partenaire de longue date de l’Opéra Comique, finance le catalogage et la numérisation des livrets de mises en scène lyriques.
Enfin, le CNCS a présenté, durant une bonne partie de l’année 2015, l’exposition « L’Opéra Comique et ses trésors » afin de révéler son art du costume au public, mobilisant les chercheurs autour de la réalisation de son catalogue.
Nos archives numérisées sur la base de données Dezède
Consulter les archives numérisées
En 2013, l’Opéra Comique a décidé de travailler avec l’équipe Dezède, en accord avec les Archives nationales, afin de permettre la mise en ligne et l’accessibilité au plus grand nombre de sa chronologie et de ses archives numérisées, ceci en bénéficiant des garanties scientifiques et techniques qu’offre le portail Dezède.
Troisième plus ancienne institution théâtrale de France après l’Opéra de Paris et la Comédie-Française, l’Opéra Comique a produit au Siècle des Lumières un répertoire qui s’est largement diffusé en région et à l’étranger. Cependant, contrairement à ses deux aînés, il n’a jamais pu centraliser ni traiter ses archives. Elles sont aujourd’hui dispersées entre différents lieux.
Depuis 2007, l’Opéra Comique poursuit l’objectif de permettre au public français de se réapproprier son patrimoine et son répertoire.
Dans cet esprit, notre institution a répondu au plan de numérisation financé par le Ministère de la Culture, en vue de numériser ses archives. C’est ainsi que 24 000 images issues de documents conservés aux Archives nationales et à l’Opéra Comique sont aujourd’hui enfin mises à la disposition du public. C’est par le biais du portail numérique Dezède que ces images sont désormais consultables.
Ce travail de presque deux ans a notamment a été possible grâce au soutien de donateurs qui ont participé à l’opération 300 ans-300 parrains et que nous tenons à remercier ici.
Parmi les archives ainsi numérisées se trouvent actuellement :
pour la période de 1800 à 2007 : Livrets manuscrits, dossiers de censure, affiches, dessins, gravures et photographies
pour la période de 1911 à 2007 : Programmes de salle et brochures de saison
La majeure partie des archives numérisées concernent l’activité artistique de l’institution : elles permettent la reconstitution de la programmation saison après saison. Restent à numériser deux autres ensembles d’archives portant sur l’architecture des salles et sur la vie administrative.
Dezède est un portail « open source » et un outil de recherche et de valorisation de l’histoire des spectacles, conçu par trois enseignants-chercheurs : Joann Élart, Yannick Simon et Patrick Taïeb, musicologues aux universités de Rouen et Montpellier III. Toutes les éditions sont expertisées et validées par des chercheurs spécialisés. Le travail de numérisation a été réalisé par la société Archimaine.
Remerciements
Madame Jeannine Desplobins, Madame Anne Sautereau et M. Zoummeroff, donateurs d'archives