Il est docile et naïf, le jeune Albert Herring, il ne comprend pas grand-chose au jeu social et étouffe sous le poids des conventions de toutes sortes. On le croit niais, il essaie juste de se faire oublier.
Et voici que ses concitoyens veulent l’utiliser comme un pantin, le manipuler pour servir la mesquinerie de leurs mœurs en couronnant sous le nom de vertu ce qui n’est que faiblesse pusillanime. C’en est trop : l’innocent Albert va faire voler en éclats toute l’hypocrisie de son temps.
Opéra-comique en trois actes de Benjamin Britten.
Livret d’Eric Crozier d’après une nouvelle de Guy de Maupassant.
Créé au Festival de Glyndebourne le 20 juin 1947.
Spectacle enregistré par France Musique et diffusé le 22 mars à 14h30
Acte I
Dans un village du Suffolk, la vénérable Lady Billows, autorité morale de Loxford, rassemble chez elle le maire, le vicaire, l’institutrice et le commissaire de police afin de choisir la jeune personne la plus vertueuse du canton. Il s’agit en effet de redresser les mœurs locales en couronnant une jeune fille du prix de la reine de Mai lors des festivités prochaines du Premier Mai. Hélas, aucune réputation ne réchappe à l’enquête qu’a menée la gouvernante de la doyenne. La dissimulation règne, la luxure menace et Lady Billows lance l’anathème sur la communauté. Le commissaire sauve la situation en proposant d’élire non une reine mais un roi de Mai en la personne d’Albert Herring, un brave garçon qui sert dans l’épicerie maternelle et que sa simplicité protège de toute faute. Un temps dépitée, Lady Billows se réjouit finalement de pouvoir ainsi faire la leçon aux demoiselles du pays. À l’épicerie, Albert travaille sans relâche à la vente et à l’achalandage. Il observe avec confusion le flirt de Sid, le garçon-boucher, avec Nancy, la fille du boulanger. Faut-il que lui, Albert, continue à se protéger de la vraie vie dans les jupes de sa mère ? Celle-ci doit quitter sa lessive pour recevoir les dignitaires du village. Très impressionnée, redoutant quelque bêtise de son grand fils, elle apprend qu’on l’a distingué et qu’on lui confectionne un habit blanc pour la cérémonie. Le montant du prix la convainc tandis que le garçon tente, après le départ de la délégation, de s’opposer à la manipulation. Il est envoyé au lit sous la risée des enfants du canton.
Acte II
Nancy prépare le banquet d’honneur et Sid lui raconte qu’à l’église, la population écoute un grand sermon sur la vertu qui semble embarrasser le pauvre Albert. Pendant que l’institutrice fait répéter le chœur des enfants, Nancy et Sid versent de l’alcool dans la limonade d’Albert, bien décidés à l’aider à jeter sa gourme. Enfin, le cortège apparaît et Albert, affublé d’une couronne de fleurs d’oranger, endure de longs discours et reçoit ses récompenses : une bourse et des livres pour l’édifier. À peine capable de remercier, il gagne un peu d’assurance après le premier toast, mais une terrible crise de hoquet le terrasse. On remet le roi de Mai d’aplomb et les agapes commencent. De retour à l’épicerie ce soir-là, gavé et éméché, Albert s’exalte. Non, il n’ira pas se coucher comme l’a ordonné sa mère ! Il assiste avec une fascination troublée au rendez-vous nocturne de Sid et Nancy, pressés de profiter de leur jeunesse et du printemps. Excédé d’être plaint, moqué ou désigné pour son innocence, il utilisera la «rançon de sa virginité» pour forcer son destin : au jeu de pile ou face, c’est la vie qui l’emporte et il s’échappe. En rentrant, sa mère le croit endormi et ferme la boutique.
Acte III
Le lendemain, la mère d’Albert garde le lit et, tandis que tout le village recherche le garçon, Nancy surveille la boutique. Bourrelée de remords, elle accuse Sid d’avoir perverti le disparu. Le commissaire vient demander une photographie d’Albert à la mère éplorée. Son désespoir est d’autant plus grand que sa vie s’est concentrée dans l’éducation de son grand bébé. Alors que Lady Billows exige l’intervention des experts les plus compétents du royaume, le maire apporte une preuve alarmante: la couronne de fleurs d’oranger toute souillée. Un chant funèbre s’élève en adieu à l’innocence disparue. Albert paraît alors, crasseux et hirsute. Il est accueilli avec plus de colère que de soulagement, et sommé d’expliquer une disparition dont il est manifestement coupable et non victime. Le nouvel Albert se justifie très franchement : trop longtemps couvé, il avait besoin de se libérer. Après une nuit de beuverie en ville, il vient reprendre sa place et les remercie d’avoir pourvu aux frais. Tous se détournent, sauf Nancy et Sid qui le félicitent. Albert rembarre sa mère et invite la jeunesse du village à fêter sa libération.
Direction musicale, Laurence Equilbey • Mise en scène, Richard Brunel • Avec Allan Clayton, Nancy Gustafson, Felicity Palmer, Ailish Tynan, Christopher Purves, Simeon Esper, Andrew Greenan, Leigh Melrose, Julia Riley, Hanna Schaer, Judith Derouin/Gaëlle Bakena Kodock, Clémence Faber/Léonore Chapin, Joseph Sellembien /Oscar Sajous • Orchestre de l’Opéra de Rouen-Haute Normandie • Maîtrise des Hauts-des-Seine
Voir toute la distributionSalle Favart
100, 85, 70, 40, 15, 6€
Distribution
Coproduction
Opéra Comique, Opéra de Rouen Haute-Normandie (13, 15, 17 février 2009)