Le compositeur Hans Zender propose une version moderne du chef-d’œuvre de Schubert, à la fois ressourcé, mis en perspective et amplifié. Il nous invite à redécouvrir, sous la forme d’un voyage dans le temps, l’espace et l’interprétation, les textes de Wilhelm Müller – « à faire frémir» disait Schubert – et la partition du compositeur viennois. Musiciens, décors et vidéos participent autour de Julian Prégardien à une même performance destinée à offrir au spectateur une expérience émotionnelle, celle d’une immersion dans le Voyage d’hiver.
Hans Zender à propos de son « interprétation composée »
« Winterreise est une icône de notre tradition musicale, c’est un des grands chefs-d’oeuvre européens. Est-ce réellement lui rendre justice que de l’exécuter exclusivement de la façon la plus conventionnelle qui soit, avec deux hommes en frac et un Steinway sur une immense scène?
Du point de vue stylistique, les œuvres tardives de Schubert renferment des germes, dont l’éclosion n’apparaît que plusieurs décennies plus tard chez Bruckner, Wolf et Mahler; et certains endroits du Winterreise semblent même déjà aviser l’expressionnisme de notre siècle... Ce sont entre autres ces perspectives de Schubert que j’essaie de mettre en exergue dans ma reconstruction, tout comme l’enracinement de son œuvre dans le folklore.
[…] Le début du lied Gute Nacht («Bonne nuit») «Fremd bin ich eingezogen» («En étranger je suis venu») est une composition aux sons parfaitement contemporains. De ce début se dégage alors le premier motif de Schubert, orchestré tel un de ses quatuors à cordes. Dix mesures plus loin, il nous semble percevoir une légère nuance de Brahms, plus loin encore une touche de postromantisme. Et voilà que subitement, nous nous trouvons transposés au début du 20e siècle, pour aboutir en fin de compte dans le présent avec des sons quasiment disco. Tout le Winterreise («Voyage d’hiver») se transforme en un voyage dans le temps, un voyage qui définit la distance qui nous sépare aujourd’hui de Schubert.
« Ma «lecture» du Winterreise («Voyage d’hiver») ne prétend pas créer une nouvelle interprétation expressive, mais se sert de manière systématique des libertés que les interprètes ont pour habitude de s’accorder de façon intuitive, telles qu’extension respectivement contraction du temps, transposition dans d’autres tonalités, dégagement des nuances de couleur caractéristiques. S’y ajoutent les différentes possibilités de «lire» la musique: sauter dans le texte, répéter certaines lignes à plusieurs reprises, interrompre la continuité, comparer différents modes de lecture d’une même partie. Une autre possibilité extrême, dont je me suis servi dans mon interprétation, est le déplacement des sons dans l’espace. C’est ici au plus tard qu’il devient évident que tous les artifices formels décrits ont également un côté poétique et symbolique. Les musiciens eux-mêmes sont invités à voyager, les sons «voyagent» à travers, voire au-delà de l’espace.
Direction musicale : Thierry Fischer
Mise en scène : Jasmina Hadziahmetovic
Décors : Hella Prokoph
Vidéo : Frieder Aurin
Collaboration à la mise en scène : Wenzel U. Vöcks
Soliste : Julian Prégardien
Orchestre : Ensemble intercontemporain
Sophie Cherrier, Emmanuelle Ophèle : flûtes
Didier Pateau, Philippe Grauvogel : hautbois
Martin Adámek, Alain Billard : clarinettes
Loïc Chevandier *, Paul Riveauxbassons Jens McManamacor Jean Bollinger* : trompette Robinson Khoury * : trombone
Gilles Durot, Samuel Favre, Jean-Baptiste Bonnard*, Othman Louati * : percussions
Eva Debonne* : harpe
Jean-Marc Zvellenreuther* : guitare
Anthony Millet* : accordéon
Hae-Sun Kang, Diégo Tosiviolons Odile Auboin, John Stulzaltos Pierre Straucg : violoncelle
Nicolas Crosse : contrebasse
Production : Les Théâtres de la Ville de Luxembourg
Coproduction : Opéra Comique
*musiciens supplémentaires
1h30 (sans entracte) - Salle Favart
60, 50, 40, 30, 25, 20, 12, 6 €
16 emplacements spécifiques sont accessibles aux personnes à mobilité réduite, sur réservation au guichet ou par téléphone. Ascenseur accessible par le 5 rue Favart.
01 70 23 01 44 | accessibilite@opera-comique.com