Parmi les cigarières de Séville, Carmen la bohémienne est la plus séduisante et la plus fantasque. Appréhendée pour avoir agressé une camarade, elle subjugue le brigadier Don José qui la laisse s'échapper. Pour elle, il perd son grade puis déserte, embrassant dès lors la vie aventureuse des contrebandiers.
Lorsqu'en 1875, Carmen est joué pour la première fois, à l'Opéra-Comique, le succès n'est pas au rendez-vous. Georges Bizet mourra quelques mois après, sans savoir que son dernier opéra deviendra l'un des plus grands succès de l'histoire de la musique. À la fin du mois, l'opéra français le plus joué au monde revient sur la scène qui l'a vu naître.
Transcription textuelle
202304_Video_Carmen_brut« Pourquoi Carmen est si célèbre ?
Moi je pense que c'est la force de la musique.
Selon moi, si Carmen est l’opéra le plus joué au monde,
c’est pour deux raisons.
D’abord musicale.
Les airs sont des mélodies simples et très efficaces
que l’on peut retenir facilement, donc c’est un peu le principe du tube.
«L’air du Toréador», «La Habanera», «La Séguedille»,
Tout le monde connait les grands airs de Carmen.
Ce côté populaire, dans le plus beau sens du terme...
Tellement populaire que c’est comme si Bizet avait emprunté
des thèmes qui existaient déjà.
Par sa Habanera,
c’est-à-dire «l’amour est enfant de bohème, l’amour est un oiseau rebelle»,
cette chanson très connue qui elle-même est devenue planétaire,
elle s’est détachée de l’opéra.
On le voit par exemple dans la publicité puisque tous les supports,
dès qu’il y a un peu de musique, utilisent «La Habanera»,
même quelques fois avec deux rythmes ou deux notes.
Ça s’auto-entretient, comme c’est populaire ça va rendre populaire quelque chose.
Il y a ce miracle d’équilibre
entre une orchestration somptueuse et vibrante
et puis ces mélodies…
Une fois qu'on les a entendu, on s'en souvient pour la vie entière.
Je pense que Carmen est probablement l’opéra le plus populaire de tous les temps.
Cela tient au talent des librettistes Meillhac et Halévy
et bien sûr de Georges Bizet
qui ont créé une intrigue incroyablement forte,
un drame très intelligemment construit et très palpitant.
Les événements musicaux s’enchaînent de manière quasi-cinématographique.
L’objet artistique fait que c’est d’une efficacité qu’on...
Qu'on peut retenir facilement.
C’est un chef-d’œuvre d’opéra.
Il n'y a pas une mesure, il n'y a pas une note qui n'ait pas une relation
On passe sans cesse d’un événement musical intéressant à un autre
mais ce n’est pas seulement la musique qui compte,
c’est la situation décrite par la musique.
Il y a une fraîcheur permanente.
On est constamment rafraîchi par ce que l’on voit
et c’est ce qui rend cet opéra si mythique,
en particulier le personnage de Carmen.
C’est une bohémienne, c’est un autre élément.
Et le propre du gitan, même s'Ils se sont parfois implantés,
c’était le cas en Espagne, mais c’est qu’ils sont nomades.
Ça c’est une donnée fondamentale,
il n’est de nulle part, donc il est partout,
il peut représenter tout le monde, d’une certaine façon
parce qu'il est transgressif,
c’est celui qui conteste les lois du pays où il est.
Cette femme si libre, qui a totalement confiance en elle,
qui n’a jamais fait aucun compromis et qui vit sa vie comme elle l’entend.
Elle est à elle seule un concept utopique de femme émancipée.
Pour l’époque, Carmen est une femme sulfureuse, amorale,
qui a sa propre loi, son propre fonctionnement
et qui n’hésite pas à préférer la mort plutôt que de renoncer à sa liberté.
Et ça, c’est fort ! »
Distribution
Direction musicale, Louis Langrée (24, 26, 28, 30 avril) | Sora Elisabeth Lee (2 et 4 mai) • Mise en scène, Andreas Homoki • Avec Gaëlle Arquez, Frédéric Antoun, Elbenita Kajtazi, Jean-Fernand Setti, Norma Nahoun, Aliénor Feix, François Lis, Jean-Christophe Lanièce, Matthieu Walendzik, Paco Garcia, Sylvia Bergé • Chœur accentus et la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique • Orchestre, Orchestre des Champs Elysées