Rencontre avec Sora Elisabeth Lee

Installée à Paris depuis 2016 et nommée dans la catégorie Révélation, chef d’orchestre aux Victoire de la musique classique 2023, la jeune cheffe co-dirige Carmen salle Favart aux côtés de Louis Langrée.

Publié le 21 avril 2023
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Quel a été votre point de départ avec la musique ?

J’ai commencé par le piano, mais il n’y avait pas de musiciens dans ma famille.
Un jour, une académie de piano s’est installée dans mon quartier, et c’est là que j’ai entendu le son de cet instrument pour la première fois. J’en suis tombée immédiatement amoureuse et j’ai voulu commencer à en jouer. Je n’ai jamais arrêté depuis.
Ensuite, lors de mes études à Séoul, j’ai eu l’opportunité de faire de la musique de chambre et d’accompagner plusieurs chanteurs. Cela a élargi ma vision. Je me suis rendu compte que je prenais beaucoup plus de plaisir à faire de la musique avec les autres et que pianiste n’était peut-être pas ma vocation. Après cela, j’ai continué à étudier la musique, beaucoup de ballets et d’opéra, et j’ai commencé à m’intéresser à la direction d’orchestre.

Qu’est-ce qui vous attire dans ce métier de cheffe d’orchestre ?

Pour vous dire la vérité, je crois que je n’ai pas la réponse à cette question car je ne m'interdis pas de changer de voie par la suite.
Ce qui est sûr, c’est que pour moi la question du son est très importante. Comment obtenir le son que l’on veut, comment le constituer ? Et comme je l’ai dit, faire de la musique avec d’autres personnes. Le partage, c’est très important.

Quel est votre répertoire de prédilection et avez-vous un opéra favori ?

J’exerce dans le répertoire classique mais j’aimerais beaucoup m’essayer davantage au répertoire romantique, que j’apprécie énormément en tant que cheffe d’orchestre. Mais les orchestres ne donnent pas souvent la possibilité de diriger de grands ensembles.
Pour l’opéra, je ne sais pas si j’en ai un que je placerais au-dessus des autres mais j’aime les opéras avec une dramaturgie, intense, puissante. Et je n’aime pas les happy ending ! J’aime beaucoup Macbeth ou Carmen par exemple. Cela tombe bien !

Justement, dans quel état d’esprit êtes-vous à l’idée de diriger Carmen à l’Opéra Comique, berceau de sa création ?

Je me sens très honorée. Carmen est vraiment une œuvre spéciale pour l’Opéra-Comique. C’est ici que cette œuvre a été jouée pour la première fois ! Cela me procure un sentiment de responsabilité. Et puis travailler aux côtés de Louis Langrée et de l’Orchestre des Champs-Élysées est une expérience incroyable. En tant que débutante et en tant qu’étrangère, c’est un rêve.

Et qu’est-ce qui fait la force de cette œuvre, selon vous ?

Carmen est l’un des opéras les plus célèbres au monde et je me suis souvent demandé pourquoi. D’abord, la musique est géniale, cela ne se discute même pas. C’est une œuvre qui procure de la joie. Et puis il y a aussi la dramaturgie et surtout cette fin, qui a surpris beaucoup de gens. Le fait que Carmen meurt est un grand retournement dramatique, presque un peu choquant.
Cet opéra possède plusieurs dimensions qui font appel à un panel d’émotions très large et très diverse et je trouve ça très intéressant.

Comment se passe la collaboration avec Louis Langrée ?

C’est très agréable de travailler avec lui. Il sait exactement ce qu’il veut mais il me laisse en même temps tout l’espace et toute la latitude pour faire ce que je veux. Je trouve que c’est une grande marque de respect de sa part.
Et puis c’est quelqu’un de très créatif, avec beaucoup d’idées. J’apprends énormément à ses côtés.

Carmen

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