« L’Opéra Comique ne fait jamais comme les autres institutions ! » Olivier Mantei fait entendre sa voix sous le vrombissement des machines et le bruit des marteaux du chantier de la salle Favart. Dans le foyer, seul espace préservé des échafaudages, au pied de la peinture racontant la naissance de l’Opéra Comique, le nouveau directeur reçoit le prix Fedora Rolf Liebermann pour la création Kein Licht, prévue en 2017.
En présence de Maryvonne de Saint Pulgent présidente de l’Opéra Comique, de Laurent Dréano conseiller du Ministère de la Culture, de Marie-Christine Lanne directrice de la Communication et des engagements sociétaux de Generali et d’Edilia Gänz directrice de Fedora, le président de Fedora Jérôme-François Zieseniss a rappelé la mission de cette association de philanthropes européens : « Loin de flatter l’ego de celui qui donne et faire plaisir à celui qui reçoit, le prix Fedora représente le choix de miser sur l’avenir et non le passé ». En offrant 150 000 €, l’association salue les innovations menées et soutient ainsi l’impact international de cette production européenne.
« Si l’Opéra Comique est une petite maison par sa taille, elle est grande par son histoire » rappelle Maryvonne de Saint Pulgent. Avec plus de 3 000 créations sur 300 ans d’histoire, l’institution n’a eu de cesse de se réinventer. Et Olivier Mantei entend bien poursuivre cette voie. Commandé au compositeur Philippe Manoury et au metteur en scène Nicolas Stemann, sur un texte de Elfriede Jelinek, Kein Licht reflète l’innovation à plus d’un titre. Le thème choisi - le monde après Fukushima- , le mode d’écriture, qui associe les trois artistes dès les premières heures de travail, les procédés techniques de composition -une partie de la musique sera créée en temps réel chaque soir-, le mode de production, qui associe 8 coproducteurs européens et une opération de mécénat participatif… Une création à laquelle les auteurs ont choisi d’associer le public-donateur plus d’un an avant la 1ère représentation, en partageant avec lui ses réflexions et en lui permettant d’assister à certaines séances de travail. Kein Licht tournera en Europe pour une vingtaine de représentations, cas suffisamment rare s’agissant de création contemporaine pour être souligné.
En attendant et en guise de remerciement, l’Opéra Comique propose à l’assistance une visite de la salle Favart telle qu’on ne la reverra plus. Armés de casques, mécènes, partenaires et journalistes parcourent les coursives encore envahies de palissades et d’armatures métalliques, devinant pourtant, derrière les échafaudages du hall, la grâce des statues de Carmen et Manon qui accueilleront à nouveau le public à la réouverture.