Ludwig van Beethoven

fr

Beethoven en 1804, lors de la composition de Leonore,  par Josef Willibrord Mähler

(1770-1827)

Né le 16 décembre 1770 à Bonn, dans une famille roturière et musicienne de père en fils, Ludwig se signale très tôt par sa virtuosité pianistique. Son père, homme dur et alcoolique, est moins avisé et aimant que Léopold Mozart  : il  ne parvient pas à faire de son fils un nouveau petit prodige. Mais l’enfant est solidement formé, à  la  lumière des œuvres des Bach, et grandit dans un milieu stimulant où circulent les idéaux maçonniques.
Organiste à la cour dès 13 ans, Ludwig publie bientôt ses premières pièces. À 19 ans, il est altiste dans l’orchestre du Théâtre de Bonn  : il y  développe sa culture musicale et sa sensibilité littéraire. Bien introduit dans le milieu cultivé, où il donne des leçons et se produit comme virtuose, il saura toujours trouver des mécènes, malgré la difficulté d’exécution déjà singulière de ses compositions.

À 22 ans, il est remarqué par Haydn, de passage à Bonn. Celui qu’on appelle le « père de la symphonie » l’invite à se former à Vienne, capitale de l’Empire allemand. Le  protec teur de Beethoven, le comte de Waldstein, convainc le prince-archevêque de Cologne de le laisser partir. Un an à peine après la mort de Mozart, le voici dans la ville la plus musicale d’Europe –avec Paris et Londres.

Beethoven travaille beaucoup, étonne Haydn par le caractère impérieux de son inspiration, et se constitue un réseau d’amis parmi les musiciens et les aristocrates mélomanes. Il publie des lieder, des trios, des sonates pour piano.  À 24 ans, il donne son premier concert public au Théâtre de la Cour. Vienne est conquise par ce virtuose qui sait aussi écrire des ouvrages de circonstance et qui s’avère un pédagogue recherché.

L’année suivante, une tournée le fait connaître à Prague, Leipzig et Berlin.
Alors qu’il aborde les grands genres du  quatuor et de la symphonie, Beethoven ressent les premiers symptômes de la surdité. Il n’a que 27 ans. Soutenu par ses lectures humanistes, il décide de surmonter le mal par l’énergie créatrice, cachant son handicap derrière une virtuosité éblouissante et développant des  relations exigeantes avec les éditeurs musicaux.
Il dirige sa Première symphonie en 1800. Deux ans plus tard, gravement malade, il  écrit dans sa petite maison du village de  Heiligenstadt (transformée en musée, aujourd’hui dans le 19e arrondissement de Vienne) un «  testament  » dans lequel il entend se vouer à faire de la  musique la  consolatrice de l’humanité. Remis de cette crise, il continue à diriger la création de ses symphonies, à créer ses concertos. Et  il commence à songer à l’opéra après le succès de  son ballet Les Créatures de Prométhée en 1801.
Beethoven choisit un livret d’opéra-comique français, réaliste et conforme aux idéaux des Lumières :

Léonore ou  l’Amour conjugal, de Bouilly, a été mis en musique par Gaveaux à Paris en  1798.  Beethoven songe d’ailleurs à orienter sa carrière vers la France où la Révolution accorde à la musique une place nouvelle dans la société. Mais déçu par le sacre de Napoléon en décembre 1804, Beethoven renonce à dédier au « grand homme » la Symphonie héroïque. Il abandonne ensuite tout projet parisien, alors que se forme la troisième coalition européenne contre Napoléon.
Le 13 novembre 1805, la Grande Armée entre dans Vienne. Les forces austro-russes se sont repliées, le gouvernement et l’aristocratie – soit une bonne partie du public de Beethoven – ont quitté la ville. Le compositeur habite alors en plein centre, dans la Pasqualatihaus (située Mölker Bastei). Le 20 novembre, douze jours avant la bataille d’Austerlitz, Fidelio est créé comme prévu au Theater an der Wien, mais… devant un public d’officiers français. Trois représentations se succèdent sans succès. Ses amis convainquent Beethoven de réviser cette œuvre à laquelle il tient et dont le sujet le console de ses insatisfactions sentimentales. Deux représentations en mars 1806 ne le satisferont pas davantage.

Beethoven écrit de nombreuses autres pièces dont une série de quatuors à  cordes, choisissant avec soin ses dédicataires parmi ses mécènes. En 1806, il ne craint pas de rompre avec l’un d’eux, le prince Lichnowsky : « Ce que vous êtes, vous l’êtes par le hasard de la naissance, ce que je suis, je le suis par moi ! Des princes, il y en a et il y en aura encore des milliers ; il n’y a qu’un Beethoven. »

Son intransigeance et sa surdité croissante décuplent ses facultés créatrices dans la 4e symphonie, le 7e  quatuor op. 59, la 5e symphonie, les 4e  et 5e concertos pour piano, l’Ouverture de Coriolan op. 62, la 6e symphonie dite Pastorale. Le  mouvement dramatique et l’expression du sentiment sont désormais au cœur d’une conception globale de la musique, qui transcende les genres. Chaque création, au cours des grands concerts qu’il continue à diriger, est un événement, et une souscription de mécènes viennois le détourne en 1809 d’aller chercher la gloire ailleurs.

En 1810 est créée sa musique de scène pour Egmont de Goethe, dont il a déjà composé maints lieder. En 1811 paraît le Trio à l’Archiduc dédié à son protecteur Rodolphe de Habsbourg, dont il attend une charge lucrative. Cherchant un grand projet lyrique, Beethoven rencontre Goethe en 1812, mais il n’obtiendra jamais de livret de lui. Cet été-là, sa renonciation au bonheur conjugal, dont témoigne la «  lettre à l’immortelle bien-aimée », l’enfonce dans une dépression qu’accentuent ses difficultés financières.

Les symphonies nos 7 et 8 voient pourtant le jour avec succès. Puis de septembre 1814 à juin 1815, le Congrès de Vienne, consécutif à la chute de Napoléon, attire sur lui l’attention de toute l’Europe. Pièces de circonstances, grands concerts officiels, révision et recréation triomphale de Fidelio au Kärntnertortheater sont alors programmées. Beethoven atteint une immense notoriété. Qu’importe que la surdité lui inspire des œuvres injouables pour ses contemporains – mais stimulantes pour les facteurs de piano-forte ! C’est le cas de sa Sonate op. 106 de 1819 : elle ne sera créée qu’en 1836, par Franz Liszt.

Beethoven songe à partir à Londres sur les traces de Haendel et de Haydn, mais il ne concrétisera jamais ce projet. Il s’absorbe plutôt dans l’éducation de son neveu Karl qu’il a recueilli. Ses œuvres des années 1820 sont monumentales : les Variations Diabelli, la Missa Solemnis dédiée à l’archiduc Rodolphe, ses trois dernières sonates pour piano, l’énorme 9e symphonie, d’une radicale nouveauté, dédiée au roi de Prusse. À la création triomphale de celle-ci en 1824, le compositeur n’entend pas les ovations du public.
Les derniers quatuors commandés par le prince Galitzine le montrent toujours plus intransigeant à l’égard des exécutants et du public, alors qu’il tente d’organiser l’édition complète de ses œuvres, sur le modèle de Goethe. Mais une pneumonie aggrave rapidement sa santé, délabrée par une cirrhose. Il meurt le 26 mars 1827, à 56 ans, chez lui au 15 de la Schwarzspanierstrasse (maison aujourd’hui disparue), en plein orage.

Trois jours plus tard, environ un dixième de la population de Vienne et parmi les plus grands artistes (Czerny, Schuppanzigh, Grillparzer, Schubert…) suivront son cortège funéraire jusqu’au cimetière de Wärhing. En  1888, sa dépouille est transférée avec celle de Schubert au Cimetière central (Zentralfriedhof), non loin des sépultures de Gluck et de Salieri, et du cénotaphe de Mozart.

Fidelio

Ludwig van Beethoven

25 septembre au 3 octobre 2021

Fidelio, c’est le pseudonyme masculin qu’adopte la courageuse Leonore afin d’entreprendre une démarche périlleuse : infiltrer, sous le costume d’un gardien, une prison où règne l’arbitraire. Pour en libérer un détenu qui n’est autre que son époux.

En savoir plus