Illustration ©️ Julia Lamoureux
De 145 à 6€

Fidelio

Ludwig van Beethoven

25 septembre au 3 octobre 2021

De 145 à 6€
Diffusion du spectacle sur Arte Concert en direct le 1er octobre à 20h, sur France Musique le 23 octobre 2021 à 20h. Puis disponible en replay sur Arte jusqu'au 20 juin 2023 Voir le replay
fr

Fidelio, c’est le pseudonyme masculin qu’adopte la courageuse Leonore afin d’entreprendre une démarche périlleuse : infiltrer, sous le costume d’un gardien, une prison où règne l’arbitraire. Pour en libérer un détenu qui n’est autre que son époux.

Le livret de Fidelio est tiré d'un opéra-comique de Bouilly et Gaveaux, énorme succès parisien de 1798. Inspiré d’un épisode de la Terreur, cet enfant de la Révolution française enthousiasma plusieurs compositeurs. Beethoven en fit une ode à la justice et son testament philosophique. Moteur du drame, l’amour conjugal (dont Beethoven était privé) s’imposait aussi, au terme d’un siècle galant et à l’aube d’une société édifiée sur le mariage. Beethoven peaufina son opéra pendant dix ans, jusqu’au triomphe de 1814. Comme Mozart, il avait transcendé la forme et le langage du singspiel. Mais surtout, il assignait à l’art lyrique sa véritable mission : publique.

Rare à Paris, Fidélio trouve à l’Opéra Comique une salle semblable à celles que connut Beethoven. Avec Siobhan Stagg et Michael Spyres, Raphaël Pichon et Cyril Teste préparent un spectacle brûlant d’intensité musicale et d’actualité politique.

Argument

Acte I

Marcelline vit avec son père Rocco dans la prison dont il est le gardien en chef. Courtisée par le portier Jaquino, elle est amoureuse d’un gardien nouveau venu, Fidelio. Rocco, qui est favorable à leur union, se laisse questionner par Fidelio sur le travail à la prison et sur les détenus. Parmi ceux-ci figure Florestan, au secret depuis deux ans et dont les rations diminuent, à la demande du gouverneur de la prison, Pizarro.

Or Pizarro apprend que le ministre Fernando, alerté sur des irrégularités, va inspecter la prison. Redoutant qu’il ne découvre Florestan, Pizarro ordonne son élimination. Devant le refus de Rocco, il décide qu’il s’en chargera.

Fidelio a tout écouté et s’émeut. Le jeune gardien est en vérité l’épouse de Florestan, Léonore, qui s’est travestie et infiltrée dans la prison pour sauver le malheureux.

Fidelio/Léonore convainc Rocco d’offrir un moment de promenade aux prisonniers. On ouvre les cellules et tous sortent à l’air libre, sauf Florestan. Mais Fidelio a obtenu d’aider Rocco à préparer la sépulture du mystérieux prisonnier et espère pouvoir ainsi l’approcher.

Acte II

Dans son cachot, Florestan se livre au désespoir puis accepte la volonté de Dieu. Il évoque l'image consolatrice de son épouse Léonore avant de sombrer dans l’inconscience.

Rocco et Fidelio viennent préparer la disparition du corps. Comme Florestan s’éveille, ils décident de lui donner une dernière collation, ce qui permet à Fidelio/Léonore d’identifier son époux.

Lorsque Pizarro surgit pour poignarder Florestan, Fidelio s'interpose, menace Pizarro d’une arme et révèle être Léonore. Comme l’arrivée du ministre est annoncée, le gouverneur est rappelé à ses fonction et part l’accueillir. Le couple se retrouve avec bonheur.

Le ministre fait ouvrir les cellules et découvre la forfaiture de Pizarro. Il ordonne la libération de Florestan, en qui il retrouve un ami, et rend publiquement justice à Léonore. Le drame s’achève sur une célébration générale de l'amour conjugal

À lire avant

« Faire tout le bien qu'on peut,
Aimer la Liberté par-dessus tout
Et, quand bien même ce serait pour un trône,
Ne jamais trahir la Vérité.»

Beethoven, 1792

Beethoven a 18 ans lorsqu’éclate la Révolution française. Si rien de cet événement inouï n’échappe au vieux Kant en son lointain Königsberg (« dès le début, la Révolution française ne fut pas l’affaire des seuls Français »), Bonn où vit Beethoven est particulièrement exposée à la déflagration : le prince-archevêque de Cologne, qui y réside, est le frère cadet de Marie-Antoinette.

Dès son arrivée à Vienne, en 1792, Beethoven se montre fils de la Révolution. Il est le premier compositeur à conduire sa carrière en toute indépendance, refusant de s’asservir à un prince, au contraire de ses prédécesseurs Haydn et Mozart. Sa vie sera un combat pour obtenir de ses mécènes la reconnaissance et les moyens de son indépendance.

À 27 ans, la surdité apparaît. Elle signe sa mise à l’écart progressive de la sociabilité, le long deuil de sa vie affective. Souvent amoureux, Beethoven renonce à 32 ans, dans son « testament de Heiligenstadt », au bonheur conjugal ardemment désiré. Au moment où ses contemporains, au terme d’un siècle galant, font du couple marital le fondement de la société nouvelle.

« Je n'ai pas le droit au repos dans la société humaine, aux conversations délicates, aux épanchements réciproques. Presque absolument seul, […] je dois vivre comme un exilé. »

Voué à l’idéalisation de son art, Beethoven découvre peu après, en 1803, une pièce enthousiasmante qui a vu le jour à Paris six ans plus tôt : Léonore ou l’Amour conjugal.

Ce « fait historique » de Jean-Nicolas Bouilly s’inspire d’une « action vertueuse » remontant à la Terreur, mais qui est par prudence située « à quelques lieux de Séville ». Léonore a été créé au Théâtre Feydeau, institution de premier plan, avec une partition signée du premier ténor de la troupe, Pierre Gaveaux. Car il s’agit formellement d’un opéra-comique. On lit dans la presse qu’un « succès complet et universel » a couronné ce « drame sombre et lugubre » qui se déroule intégralement dans une prison. Il devient un pilier du répertoire du Théâtre Feydeau, que l’Opéra Comique absorbera en 1801 : Fidelio y sera repris, puis rapidement oublié.

Partitions et livrets des opéras-comiques français circulent dans toute l’Europe et frappent par leur modernité de ton. Comme d’autres titres de Gaveaux, Léonore parvient à divers compositeurs du Saint-Empire romain. La propriété intellectuelle étant encore balbutiante, trois d’entre eux s’en approprient le livret. Dévolus au genre italien, Ferdinando Paër et Simon Mayr (futur mentor de Donizetti) présentent respectivement Leonora à Dresde en 1804 et L'amor coniugale à Padoue en 1805.

Épris des productions françaises contemporaines, et n’ignorant rien de ces versions, Beethoven est touché par l’intrigue. Retournant complètement le mythe d’Orphée, elle résonne intimement et peut aussi être traitée comme un hymne à la justice, à la fraternité et à la liberté.

Fidelio est le pseudonyme masculin qu’adopte Léonore pour se faire engager comme gardien dans la prison où elle croit son époux Florestan détenu au secret. La voix de mezzo et le costume de travesti sont utilisés de façon dramatique et dénuée de sensualité dans un contexte périlleux, celui d’un changement de régime. Craignant l’inspection du ministre, le gouverneur de la prison s’affole. L’arbitraire s’abat sur les prisonniers maltraités et les gardiens craintifs. Avant que l’amnistie soit prononcée, Fidelio/Léonore aura ouvert les cœurs à la générosité et les cellules à l’espérance. Beethoven se projette tout à la fois dans l’homme muré et dans la femme exemplaire, qui sacrifie son existence personnelle pour servir l’humanité.

Beethoven honore une commande du Theater an der Wien. Régnant sur les concerts viennois, il a refusé plusieurs projets et attendu le sujet parfait – alors que tant de carrières comme celle de Rossini se bâtissent au théâtre. Le livret est traduit : comme Mozart (mort douze ans plus tôt), Beethoven veut toucher ses concitoyens en allemand, langue encore très minoritaire dans les opéras créés sur les scènes germaniques. La censure impose le déplacement de l’action au XVIe siècle de l’Inquisition espagnole.

En dépit de ses contacts littéraires, Beethoven n’écrira pas d’autre opéra. Il va en revanche peaufiner Fidelio : pour développer son impact dramatique, pour résorber son hétérogénéité – où l’a conduit la forme du Singspiel, discontinue comme l’opéra-comique –, et aussi pour renforcer son héroïne et son message philosophique. Commençant comme un singspiel, l’œuvre tourne à l’opéra romantique quand Florestan apparaît, avant de finir comme un oratorio qui annonce l’Hymne à la joie de la 9e Symphonie.

Il faut aussi convaincre le public. Car le succès manque aux quatre représentations de novembre 1805, comme aux deux de mars 1806. Les premières ont lieu en pleine débâcle de l’armée austro-russe et fuite des Viennois, devant un public d’officiers napoléoniens, deux semaines avant Austerlitz… et les dernières après un remaniement qui ne satisfait pas du tout Beethoven.

À cause de Paër, l’œuvre s’appelle Fidelio. Mais on appellera plus tard, par commodité, ces deux premières versions Leonore I et II.

Début 1814, trois chanteurs demandent à reprendre Fidelio au Théâtre de la Kärntnertor. Parmi eux figure, en méchant gouverneur, Sebastian Mayer, beau-frère de Mozart, lequel aurait alors 58 ans. Beethoven révise l’œuvre avec un nouveau librettiste, Treitschke. La création du 23 mai 1814 est triomphale. Les représentations vont bénéficier du contexte politique : le Congrès de Vienne rassemble dès l’été toute l’Europe diplomatique pour dessiner une paix durable suite à l’abdication de Napoléon. Beethoven s’impose comme le plus grand compositeur du continent malgré sa surdité désormais patente.

Après des représentations pragoises dirigées par Weber, l’œuvre conquiert le public germanique, puis russe et scandinave. Créée entre La Flûte enchantée de 1791 et Le Freischütz de 1821, elle marque un jalon dans l’appropriation de l’opéra par les Allemands, artistes et publics.

À Paris, elle est d’abord donnée en 1829 par une troupe allemande – dans la 1ère salle Favart –, puis en italien au Théâtre Italien en 1852, et enfin en français en 1860 au Théâtre Lyrique, tandis que des extraits sont régulièrement joués en concert. À l’Opéra Comique et sous la baguette d’André Messager, une version française avec récitatifs marque l’ouverture de la 3e salle Favart en 1898, 100 ans après la création de Gaveaux, et se maintient jusqu’en 1906. Fidelio devient une prérogative de l’Opéra de Paris à partir de 1926, donné d’abord par des troupes germaniques, puis en français par la troupe de l’Opéra à partir de 1936, et en version originale de 1955 à 1982, et encore en 2008.

La salle Favart présente des dimensions similaires aux théâtres dans lesquels Beethoven créa et recréa Fidelio. L’ensemble Pygmalion joue sur instruments d’époque. Raphaël Pichon et Cyril Teste parient sur le potentiel théâtral et émotionnel intact d’une œuvre qui est plus qu’un opéra : un message d’humanisme et d’espoir.

Télécharger le programme complet

Direction musicale Raphaël Pichon • Mise en scène Cyril Teste • Avec Siobhan Stagg, Michael Spyres, Mari Eriksmoen, Albert Dohmen, Gabor Bretz, Christian Immler, Linard Vrielink • Chœur et orchestre Pygmalion

Voir toute la distribution

2h (sans entracte) - Salle Favart
145, 125, 100, 75, 50, 35, 15, 6 €
Spectacle en allemand, surtitré en français et anglais

Spectacle capté par Fra Prod et diffusé en direct sur Arte Concert le vendredi 1er octobre à 20h puis sur France Musique le samedi 23 octobre à 20h

Audio description

Chaque année, des opéras sont accessibles en audiodescription. Des programmes en braille et en gros caractères sont disponibles gratuitement sur place. Un dispositif de « Souffleurs d’images » est aussi disponible sur demande.

Chaque année, des opéras sont accessibles en audiodescription. Des programmes en braille et en gros caractères sont disponibles gratuitement sur place. Un dispositif de « Souffleurs d’images » est aussi disponible sur demande.

Emplacements

16 emplacements spécifiques sont accessibles aux personnes à mobilité réduite, sur réservation au guichet ou par téléphone. Ascenseur accessible par le 5 rue Favart.
01 70 23 01 44 | accessibilite@opera-comique.com

16 emplacements spécifiques sont accessibles aux personnes à mobilité réduite, sur réservation au guichet ou par téléphone. Ascenseur accessible par le 5 rue Favart.
01 70 23 01 44 | accessibilite@opera-comique.com

Avant le spectacle

Les clés du spectacle

Présentation en ligne par Agnès Terrier le 23 septembre à 19h en ligne.

Chaque soir avant la représentation, Agnès Terrier, la dramaturge du théâtre, vous dit en 15 minutes tout ce qu’il faut savoir sur l'œuvre et le contexte de sa création. Ecouter le replay audio

 

Information | séance du 3 octobre

Cette date est un séance inclusive Relax

Ce dispositif d’accueil inclusif vise à faciliter la venue au théâtre de personnes dont le handicap (autisme, polyhandicap, handicap mental, handicap psychique, maladie d’Alzheimer…) peut entraîner des comportements atypiques et imprévisibles. Pour que chacun profite de l’émotion du spectacle sans crainte du regard des autres.
Plus d'informations

Distribution

Raphaël Pichon
Direction musicale
Raphaël Pichon
Lire plus
Mise en scène
Cyril Teste
Lire plus
Valerie Grall
Décors
Valérie Grall
Lire plus
Marie La Rocca @ Colombe Clier
Costumes
Marie La Rocca
Lire plus
Leila Adham
Dramaturgie
Leila Adham
Lire plus
Lumières
Julien Boizard
Mehdi Toutain-Lopez
Conception vidéo
Mehdi Toutain-Lopez
Lire plus
Cadreur-opérateur
Nicolas Doremus
Conception son
Thibault Lamy
Assistant musical
Nicolas Ellis
Assistante à la mise en scène
Céline Gaudier
Assistante décors
Alissia Blanchard
Assistante costumes
Peggy Sturm
Chef de chant
Michalis Boliakis
Chef de chant
Marine Thoreau La Salle
Lire plus
Stagiaires à la mise en scène, Célia Bounioux, Swann Garnier, Georgia Tavares
Leonore
Siobhan Stagg
Lire plus
Leonore (depuis la fosse)
Katherine Broderick
Remplacement vocal, le 25.09.21
Jacquelyn Wagner © Harald Hoffmann
Leonore (depuis la fosse)
Jacquelyn Wagner
Remplacement vocal, le 27.09.21
Lire plus
Michael Spyres © Marco Borrelli
Florestan
Michael Spyres
Lire plus
Mari Eriksmoen © Sveinung Bjelland
Marzelline
Mari Eriksmoen
Lire plus
Albert Dohmen © Martin Sigmund
Rocco
Albert Dohmen
Lire plus
Gabor Bretz © László Emmer
Don Pizarro
Gabor Bretz
Lire plus
Christian Immler © Marco Borggreve
Don Fernando
Christian Immler
Lire plus
Linard Vrielink © Jeremy Philip Knowles.jpg
Jaquino
Linard Vrielink
Lire plus
1er prisonnier
Constantin Goubet
Membre du chœur Pygmalion
René Ramos Premier
2e prisonnier
René Ramos Premier
Membre du chœur Pygmalion
Morgan Llyod Sicard © Christophe Martin
Comédien
Morgan Lloyd Sicard
Lire plus
Vincent Steinebach
Comédien
Vincent Steinebach
Lire plus
Concert de la Maîtrise Populaire © Quentin Croisard
Enfants
Maîtrise Populaire de l'Opéra-Comique
Lire plus
Ensemble Pygmalion
Chœur et orchestre
Ensemble Pygmalion
Lire plus

Enfants de la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique - Direction artistique - Sarah Koné

Rébecca Buchman, Lilé De Davrichewi, Théonie Forsans, Gaspard Gueritée-Petit, Timothée Huynh-Kim-Bang, Tiago Lucet-Rémy, Lisa Rugraff, Julia Segre (les 25, 29 septembre et 1er octobre)

Joachim Garcenot, Lola Houzet, Venus Jouini, Dora Maigne, Mathias Marzac, Filiza Petrov, Colin Renoir-Buisson, Jeanne Renoux (les 27 septembre et 3 octobre)

Production
Opéra Comique

Coproduction
Opéra Nice Côte d'Azur, Opéra de Dijon, Collectif MxM

Le collectif MxM remercie Anaïs Cartier

Avec le soutien de

Cette production est soutenue par Aline Foriel-Destezet, Mécène principale de l’Opéra Comique

Logo de France Musique

À chacun son tarif

À l’affiche

Voir tout
Concerts et récitals

Voyage au pays de Maurice Ravel

23 mars 2024

Réserver
Opéra

Pulcinella & L'Heure espagnole

Igor Stravinsky / Maurice Ravel

Du samedi 9 au mardi 19 mars 2024

Réserver
Opéra

Archipel(s)

Isabelle Aboulker

Du jeudi 25 avril au dimanche 5 mai 2024

Réserver

Les spectacles à l'affiche

Ne manquez rien de notre programmation. Pour tout découvrir, rendez-vous ici !

Événement

Visites guidées de l'Opéra Comique

Du mardi 26 octobre 2021 au mercredi 24 juillet 2024

Réserver
Opéra

Armide

Jean-Baptiste Lully

Du lundi 17 au mardi 25 juin 2024

Réserver
Concerts et récitals

Chasing rainbows

Songs of Julie Andrews

21 mai 2024

Réserver