Un couple sans enfant finit par adopter une orpheline. L’adolescente se fait une place imprévue dans leur foyer et dans leurs cœurs. Joël Pommerat et Francesco Filidei composent à deux pour la scène une œuvre sensible et intense, inspirée d’une nouvelle de Zamiatine. Retour salle Favart de ce succès de 2019.
Des époux privés d’enfant finissent par adopter une orpheline. L’adolescente va se faire une place imprévue dans leur foyer et dans leurs cœurs.
Entre eux, la parole s’est raréfiée, les silences sont devenus pesants, déchirés par les rires des familles voisines. Écrasée par un sentiment de culpabilité, la femme s’est construit un monde intérieur qui se dérègle tandis qu’en cette fin d’hiver montent les eaux du fleuve.
À l’invitation de l’Opéra Comique, Joël Pommerat a écrit en 2019 son premier livret original, choisissant d’adapter une nouvelle de Zamiatine publiée en 1929. L’écrivain de plateau a partagé avec le compositeur Francesco Filidei, dont c’était le deuxième opéra, l’élaboration du discours et du temps du spectacle. De leur collaboration étroite, de cette composition menée à deux pour la scène, en complicité avec musiciens et chanteurs, est née une nouvelle éloquence qui traduit la densité sourde de l’âme.
Cette inoubliable partition de sons et d’images mise en scène par Joël Pommerat revient à l’Opéra Comique sous la baguette de Leonhard Garms, à la tête d’interprètes intenses et habités.
Opéra en deux actes inspiré du texte éponyme d'Evgueni Zamiatine. Commande de l’Opéra Comique.
Il était une fois une femme, aimant un homme, aimée de lui, mais sans enfant. Dans leur petit appartement au bord du fleuve, la vie semble tourner au ralenti, comme les machines de l’usine à côté, silencieuse, immobile, traversée par les vents d’automne et l’agitation des voisins alentours.
Une nuit pluvieuse, la jeune fille du dernier étage, dont le père vient de mourir, est amenée chez eux. L’homme et la femme décident de la garder.
La vie reprend. Arrive le printemps, des liens se nouent entre l’homme et la jeune fille, de plus en plus proches. La femme reste en retrait, délaissée, muette face à cette intimité rivale qui s’installe au quotidien. La résignation, la jalousie, le ressentiment, passions tragiques d’une Médée ou d’une Hermione ici privées de mots, l’entraînent au bord du gouffre.
Un jour de crue, la femme se laisse déborder par ses émotions. Une inondation dévaste leur appartement.
Hébergés quelques semaines par la famille du deuxième étage, chacun retrouve sa place. La nuit, l’homme et la femme sont à nouveau réunis, sur un divan au salon, tandis que la jeune fille partage la chambre des enfants.
Le jour où ils regagnent leur appartement, la jeune fille disparaît. Trois mois plus tard, la femme découvre qu’elle est enceinte.
L’enquête pour disparition n’est pas prolongée, la vie reprend, malgré les mauvais rêves et la tempête intérieure de la femme. Une petite fille naît. L’homme et la femme sont heureux.
Mais la vie, pour Zamiatine comme pour Pommerat, n’est pas un conte de fées. Hantée par le souvenir de la jeune fille, la femme sombre dans un délire fiévreux et prend, enfin, la parole, une parole qui libère, lui fût-elle fatale…
Marion Boudier
Plus qu’un théâtre de création, l’Opéra Comique est historiquement un théâtre d’expérimentation, lieu d’une rencontre féconde entre musique et littérature dramatique. Si l’opéra visait à l’harmonie de ses composantes, l’opéra-comique était par définition hétérogène, combinant le rire et l’émotion, la trivialité et la poésie. C’est donc aussi à l’Opéra Comique que, dès la fin du XIXe siècle, les artistes explorèrent des solutions de convergence entre les arts, en renouvelant leur écriture et leurs rapports à la fiction, à la matérialité du plateau, au public.
Ces dernières décennies, les créateurs d’opéra contemporains affichent une volonté supplémentaire : faire de ce qui se vit autour de la fosse d’orchestre une expérience collective.
Quoi de plus efficace alors qu’une démarche artistique qui, dès la conception du spectacle, mobilise auteurs, interprètes et personnels du théâtre dans un même questionnement ?
Ce n’est pas la seule originalité de L’Inondation. Cet opéra a d’abord été le projet d’un écrivain. Depuis une dizaine d’années, Olivier Mantei et Joël Pommerat échangeaient sur le théâtre et l’opéra, sur leurs temporalités propres, devenues progressivement inconciliables. Car aujourd’hui, l’opéra est soumis à des contraintes rigoureuses de planning et de budget, tandis que le théâtre sait s’accorder le temps long du work in progress, voire, dans le cas de Pommerat, de l’écriture au plateau.
N’y a-t-il pas intérêt, pourtant, à faire bénéficier l’opéra de la dynamique du théâtre, de sa liberté de chercher, d’expérimenter ? Au fil des belles productions lyriques pour lesquels Pommerat a, ces dernières années, adapté trois de ses pièces, est née une certitude : il lui fallait écrire un livret original, aborder une écriture qui génère sa propre nécessité de musique.
Une fois l’idée acquise s’est dessiné le portrait d’un compositeur dont le langage concilierait une écriture contemporaine et complexe avec une nature profondément dramatique. Un musicien porté à caractériser des personnages, à développer une narration, à générer des tensions émotionnelles. Passionné d’opéra, Francesco Filidei souhaitait aussi se confronter à l’écriture théâtrale.
L’ensemble du processus de création a donc pu être repensé avec eux, au moment même du choix de la nouvelle de Zamiatine comme sujet. L’Opéra Comique s’est mobilisé pour transformer ses modes de production habituels, adaptés au répertoire, afin d’épouser leur dynamique créative, le temps de la recherche, de l’expérimentation, de l’interaction et de la maturation littéraire, sonore, scénique.
L’écriture est née d’un temps partagé par l’auteur et le compositeur, régulièrement élargi à des interprètes. Le duo créatif a ainsi généré l’œuvre d’un point de vue commun. L’enregistrement de la partition, réalisé un an avant la première pour faciliter le travail du metteur en scène, a permis aux interprètes d’aborder le travail scénique avec la liberté d’un apprentissage musical achevé. Enfin, tous ont bénéficié d’un temps de plateau plus long que d’habitude, afin que la fonction dramaturgique du décor soit pleinement exploitée dans l’écriture de la mise en scène.
De janvier 2017 à septembre 2019, l’Opéra Comique a ainsi, collectivement, pris le temps de l’inspiration, de la réflexion et de l’échange, et relevé le défi d’une nouvelle façon de créer l’opéra. Nouvelle œuvre originale signée Pommerat et Filidei, L’Inondation inaugure aussi de nouvelles connivences entre opéra et théâtre.
Par Agnès Terrier
Direction musicale, Leonhard Garms • Mise en scène, Joël Pommerat • Collaboratrice artistique Valérie Nègre • Avec Chloé Briot, Jean-Christophe Lanièce, Norma Nahoun, Pauline Huriet, Enguerrand de Hys, Victoire Bunel, Guilhem Terrail, Tomislav Lavoie, des enfants de la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique • Orchestre de Chambre du Luxembourg
Voir toute la distribution2h (sans entracte) - Salle Favart
Spectacle en français, surtitré en français et en anglais.
L'ouverture des portes du théâtre se fait 45 minutes avant le début du spectacle.
Certaines scènes de ce spectacle peuvent heurter la sensibilité du public et en particulier des plus jeunes.
Chaque année, des opéras sont accessibles en audiodescription. Des programmes en braille et en gros caractères sont disponibles gratuitement sur place. Un dispositif de « Souffleurs d’images » est aussi disponible sur demande.
16 emplacements spécifiques sont accessibles aux personnes à mobilité réduite, sur réservation au guichet ou par téléphone. Ascenseur accessible par le 5 rue Favart.
01 70 23 01 44 | accessibilite@opera-comique.com
Des représentations inclusives et accueillantes pour les personnes avec autisme, polyhandicap, handicap mental ou psychique, maladie d’Alzheimer…
Autour du spectacle
Pour découvrir
45 minutes avant la représentation, retrouvez la dramaturge du théâtre durant 15 minutes pour tout savoir sur l'œuvre et le contexte de sa création.
Salle Bizet | Gratuit sur présentation du billet
Pour chanter
45 minutes avant la représentation, assistez à un rendez-vous décomplexé avec un chef de chœur pour chanter quelques airs de l’opéra que vous vous apprêtez à voir !
Foyer Favart | Gratuit sur présentation du billet
Pour se détendre
Le bar propose une restauration légère et des rafraîchissements dans le Foyer, dès l’ouverture des portes du théâtre.
Accessibilité
Séance Relax | Dimanche 5 mars à 15h
Une représentation inclusive et accueillante pour les personnes dont le handicap peut entraîner des comportements atypiques et imprévisibles pendant la représentation.
Avant chaque opéra Relax, un guide FALC est disponible pour permettre de comprendre le contexte de création de l’opéra et son histoire. Il permet également d’anticiper les points de vigilance pendant la représentation qui pourraient surprendre les spectateurs.
Le dossier Facile à lire et à comprendre (FALC) de L'Inondation est disponible ici
Représentation en audiodescription | Dimanche 5 mars à 15h
Ce spectacle est accessible en audiodescription et un dispositif de « Souffleurs d'images » est disponible sur demande.
Le programme de l'audiodescription de L'Inondation est disponible ici
Introduction tactile de l'oeuvre | Dimanche 5 mars à 13h45
Avant la représentation en audiodescription, nous proposons une introduction adaptée et tactile à tous les spectateurs déficients visuels.
Sur inscription : +33(0)1 70 23 01 44 | accessibilite@opera-comique.com
Distribution
* Membres de la Maîtrise populaire de l’Opéra Comique
Commande de l’Opéra Comique avec l’aide à l’écriture du Ministère de la Culture
À chacun son tarif
Places à l'unité | Saison 2023
Places de 6 à 150€ . Tarifs réduits pour les jeunes, demandeurs d’emploi, personnes en situation de handicap…
Abonnements | Saison 2023
Conquis par la saison ? Abonnez-vous ! Réductions et avantages dès trois opéras de la saison choisis.
Carte de réduction | Saison 2023
Le Pass Favart vous offre -10% sur tous les opéras de la saison, et de nombreux avantages.
Carte famille | Saison 2023
L’opéra avec vos enfants c’est possible !
Avec la carte Mainate, bénéficiez de -10% pour les adultes et -50% pour les enfants.
Mécènes du Cercle Favart
Le Cercle Favart vous réserve des places en bonne catégorie jusqu'à la dernière minute et profitez des avantages exclusifs.